« COMMENT l’ASSURANCE PEUT-ELLE CONTRIBUER A RELEVER LES DEFIS DU DEREGLEMENT CLIMATIQUE ? » SYNHESE DU PETIT-DEJEUNER UDAP DU 13 JANVIER 2022

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Les innovations dans les domaines de l’imagerie satellite ou du traitement des données favorisent l’émergence de l’Assurance paramétrique. En quoi est-elle différente de l’Assurance classique ? Qu’apporte-t-elle de plus aux assurés en cas de catastrophe naturelle ? La France est-elle en pointe sur ce sujet ?

 

Directeur Général d’AXA Climate (anciennement AXA Global Parametrics) jusqu’en 2018, Tanguy Touffut est président et co-fondateur de Descartes Underwriting. Cette assurtech d’origine française est aujourd’hui présente aux Etats-Unis, à Singapour, en Australie et au Royaume-Uni. Elle propose des solutions d’assurance paramétrique contre les risques climatiques réassurés par de grands assureurs et réassureurs mondiaux. Il apporte son éclairage sur cette transformation de l’Assurance.

 

1/ L’assurance paramétrique de quoi parle-ton ?

A la différence de l’assurance classique, le montant de l’indemnisation de l’assurance paramétrique en cas de sinistre n’est pas déterminé après mais avant sa survenance. Le montant de la couverture est prédéfini entre l’assureur et l’assuré à partir d’un paramètre extérieur et d’une indemnité. Ce paramètre est corrélé au dommage subi : atteinte d’une certaine hauteur d’eau pour couvrir le risque d’inondation, productible pour les éoliennes, mesure de l’évapotranspiration des sols et des plantes pour les récoltes…

Ainsi, l’assurance paramétrique permet à l’assuré d’obtenir le règlement de son sinistre en quelques jours voire en quelques heures. Ce mécanisme est évoqué sous deux prismes dès la fin des années quatre-vingt :

  • par les banques et les énergéticiens (par exemple Enron aux US) avec l’approche financière des dérivés climatiques ;
  • par les pays émergents, avec la Banque Mondiale, pour couvrir les conséquences des calamités agricoles en Afrique et accélérer la rapidité de paiement afin de réduire l’insécurité alimentaire.

Le dérèglement climatique (qui ne se caractérise pas uniquement par une augmentation des températures moyennes) conduit à une hausse exponentielle de l’intensité et de la fréquence de certaines catastrophes naturelles. L’approche paramétrique est une réponse technologique du secteur de l’assurance afin de mieux répondre à ce défi. L’indemnisation est déclenchée plus rapidement, de manière transparente, à moindre coûts et en réduisant voire en supprimant les risques de litige.

 

2/ L’assurance paramétrique se marie bien avec la digitalisation de l’économie

Les solutions d’assurance paramétrique, qui sont par construction « sur mesure », commencent à prendre de l’ampleur, grâce à l’amélioration des technologies permettant de mieux comprendre les risques notamment pour les grandes entreprises. Les délais d’indemnisation sont considérablement réduits, passant de 550 jours en moyenne aux US à moins de 5 jours ! C’est pourquoi cette nouvelle approche de l’assurance occupe une part croissante de l’assurance non-vie.

L’Asie, notamment la Chine, et les US sont en avance dans ce domaine et l’Europe reste encore en retrait. Si on regarde la France de plus près, une des raisons de ce retard parmi beaucoup d’autres est qu’elle est relativement épargnée par les phénomènes climatiques extrêmes. Même si nous connaissons des sinistres graves liés aux tempêtes, aux inondations, au gel, à la sécheresse ou encore à la subsidence des sols argileux, les montants des sinistres restent faibles. En rien comparables aux catastrophes naturelles subies en Californie, en Floride, au Texas, en Amérique Latine et dans certains pays asiatiques comme le Japon, les Philippines ou la Chine.

La fréquence de certains événements climatiques extrêmes (inondations ou feux de forêt par exemple) a été multipliée par 5 en 40 ans. En 2021, les feux de forêts au Canada ont bénéficié d’un contexte favorable avec la sécheresse et la hausse des températures.

Le réchauffement planétaire conduit à une augmentation des niveaux des océans. Cela va accélérer l’augmentation des pertes liées aux ondes de tempêtes dans les régions côtières et contribuer à augmenter les pertes du secteur des assurances dans les prochaines années. Même si les pertes liées aux sinistres assurés s’accroissent, leur taux de croissance reste inférieur aux pertes liées aux sinistres non assurés. Cela montre les marges de progression du secteur des assurances.

En France, il faut s’attendre à une multiplication des coûts annuels des dégâts liés à la sécheresse des sols argileux et des vagues de chaleur si l’urbanisation dans les zones à risques se poursuit (phénomène de la subsidence). Ce phénomène climatique qui s’accentue provoque l’affaissement du sol affaiblissant les fondations des bâtiments, provoquant des fissures, voire des effondrements. Certains bâtiments devront être construits avec d’autres normes ou en dehors des zones les plus à risque.

Le réchauffement de l’atmosphère, des océans et l’évaporation induite modifient certaines trajectoires de courants marins, tout en modifiant certains phénomènes de l’atmosphère, comme le cisaillement. La probabilité de pluies extrêmes menant à de fortes inondations a ainsi augmenté dans certaines régions du monde. L’Europe Centrale peut être sujette à de violentes inondations, dues à des événements de « goutte froide » durant les mois les plus chauds.

L’Allemagne fait partie des pays qui subira vraisemblablement de plus en plus de sinistres de ce type. Ces inondations que l’Allemagne et la Belgique ont connu en 2021 ont des équivalents historiques sur le siècle passé mais pas avec une fréquence aussi élevée.

Face aux enjeux du dérèglement climatique, le secteur de l’assurance est au premier plan et se doit d’innover pour jouer pleinement son rôle protecteur.

 

3/L’assurance paramétrique se marie bien avec la prévention des risques

Compréhension des risques météorologiques, prévention et transfert grâce à des solutions paramétriques vont de pair pour limiter l’ampleur des sinistres. Ce qui est évitable doit être évité. C’est déjà le cas dans le domaine agricole, notamment aux US et en Chine. La technologie permet en effet d’identifier, grâce aux images satellites, les parcelles qui manquent d’eau ou d’engrais, afin d’en maîtriser l’usage et de mieux résister aux événements climatiques améliorant ainsi les rendements agricoles. Ce qui évite une perte pour l’assuré et ainsi un déclenchement de la couverture d’assurance.

Dans certains pays émergents, les images satellites permettent même aux assureurs de donner une seconde chance aux agriculteurs touchés par un sinistre en leur versant, par exemple, rapidement des fonds afin de replanter d’autres semences en cas d’échecs de semis (saison des pluies). Cette approche préventive des risques intervenant bien avant la récolte permet de ne pas déclencher la police d’assurance ou de limiter le montant du sinistre.

Plus largement, les informations satellitaires sont utilisées depuis les années 1970, mais on peut aller aujourd’hui plus loin dans l’exploitation de ces données. C’est le cas en Australie, par exemple, avec le risque de grêle. Les images satellites permettent de corriger les cartes grêles bâties à partir des historiques de pertes empiriques, car lorsque la densité de population est faible, les épisodes de grêle ne sont pas signalés. Le risque de grêle est globalement mal appréhendé dans les zones non peuplées car il n’est pas modélisé sous un angle physique mais constaté par des relevés statistiques.

Cette modélisation couplée à des capteurs au sol (physiques ou radars) permet de déclencher une indemnisation quasiment en temps réel en cas de grêle sur des exploitations viticoles ou des parc automobiles. Elle s’appuie sur la modélisation de certains cumulonimbus responsables des orages de grêle, sur une période de 20 ans, afin de comprendre les zones où se produisent ces événements et corriger les cartes résultant de l’observation au sol.

Même dans des zones peu peuplées, Descartes peut ainsi détecter un risque de grêle et donc pratiquer des prix plus bas que ses compétiteurs dans les zones où le risque est faible et, inversement, des prix plus élevés dans celles qui présentent un risque fort, garantissant ainsi une bonne performance de souscription.

Pour les feux de forêt, les zones à risques sont déterminées grâce à la classification des terrains selon leur typologie (prairies, forêts naturelles, plantations, bâtiment, rivières) et la détection de zones réellement assurées sur la base d’images satellites et d’algorithmes de machine learning (IA).

Dans une approche traditionnelle de l’assurance, l’identification des zones à risques repose sur la documentation client et courtier et les montants des sinistres sont déterminés par des experts.

L’Intelligence Artificielle appliquée à l’imagerie satellite permet donc de détecter plus rapidement et plus précisément les sinistres et donc d’accélérer leur indemnisation.

En cas d’incendie, les images satellites permettent d’identifier les zones brûlées ainsi que de qualifier leur sévérité, couvrant toute la zone assurée. Le montant de l’indemnisation est donc facile à calculer et agréé en amont du sinistre (nombre d’hectares brûlés x valeur par hectare).

Dans une approche de l’assurance traditionnelle, une estimation de l’indemnisation est faite a posteriori de l’incendie, souvent sur la base d’un échantillon de végétation. Par satellite, les zones brûlées sont détectées avec plus de précision que par l’œil humain.

L’assurance paramétrique offre donc une meilleure qualité de service, sans avoir recours à une multitude d’experts et de régleurs sinistres souvent sous tension lors de catastrophes importantes.

 

La hausse forte de la sinistralité liée au dérèglement climatique impose aux assureurs de trouver des alternatives à l’approche classique de l’assurance. La révolution technologique – nouvelles sources de données et méthodes de traitement de ces données – est en train de créer un environnement propice à une transformation assez radicale de l’assurance non-vie. Descartes se positionne comme un des nouveaux acteurs mondiaux qui s’appuient sur ces technologies pour proposer des solutions d’assurance à coûts réduits, transparentes, rapides, plus simples et qui rencontrent la confiance de ses clients.

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